La perte de cheveux, en particulier la chute de cheveux ou l’affinement des cheveux d’origine androgénétique est causée par la sensibilité des bulbes capillaires à l’action de la DHT, laquelle induit notamment une inflammation locale au niveau du cuir chevelu. Cette inflammation locale accélère encore la dégradation de la chevelure.
De son côté, le microbiote intestinal a pour propriété de booster l’immunité de l’organisme et de lutter contre les inflammations chroniques. Donc la qualité du microbiote pourrait avoir une influence sur la santé de nos cheveux.
Un lien entre microbiote et alopécie androgénétique ?
Depuis quelques années, les scientifiques cherchent à en identifier les mécanismes. Les recherches en sont à leur début !
En 2017, des premiers travaux réalisés au Japon intitulés « La dysbiose intestinale et la privation de biotine provoquent l’alopécie par la prolifération de Lactobacillus murinus chez la souris » tendent à montrer qu’un déséquilibre dans l’intestin entre les « bonnes » et les « mauvaises » bactéries (aussi appelée dysbiose) peuvent compromettre la physiologie de la peau chez la souris, donc générer par exemple des pertes anormales de poils. Pour en savoir plus : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28813664/
Depuis 2012, donc très récemment, des scientifiques travaillent pour tenter de comprendre la relation précise entre le microbiote intestinal et la perte de cheveux en particulier.
Le dernier article scientifique a été publié le 2 avril 2024. Il s’appuie sur une méthode d’analyse statistique appelée « randomisation mendélienne » qui permet d’étudier des associations parfois très faibles entre un facteur de risque et la survenue d’un problème. En l’occurence, cette étude jette les premières bases pour l’établissement éventuel d’un lien de causalité entre le déséquilibre du microbiote intestinal et l’alopécie androgénétique.
Cet article conclut toutefois : « les mécanismes physiologiques complexes qui sous-tendent la relation entre le microbiote intestinal et l’alopécie androgénétique dépassent la portée de nos modèles. Les efforts de recherche ultérieurs devraient se concentrer sur l’identification des mécanismes potentiels afin d’approfondir notre compréhension de l’alopécie androgénétique en vue de mesures préventives».
Il souligne cependant « Cette approche analytique est non seulement prometteuse pour le développement de stratégies de prévention et d’intervention efficaces contre l’alopécie androgénétique, mais elle offre également des perspectives innovantes sur les mécanismes sous-jacents de l’alopécie androgénétique au travers du prisme du microbiote intestinal ».
Ces dernières recherches sont donc porteuses d’espoir !
Microbiote équilibré = cheveux préservés ?
Lien vers l’article (en anglais) : https://www.frontiersin.org/journals/microbiology/articles/10.3389/fmicb.2024.1360445/full
Et les probiotiques là-dedans ?
On l’aura compris, le déséquilibre du microbiote intestinal a très vraisemblablement une influence sur la perte ou l’affinement des cheveux. Cela représente une piste prometteuse pour de futurs traitement, piste certes aujourd’hui encore balbutiante.
À ce stade, nous pouvons seulement conclure que renforcer notre microbiote intestinal est vraisemblablement positif pour lutter contre la perte de cheveux. Ce renforcement passe en tout premier lieu par une alimentation équilibrée (https://www.centre-clauderer.com/chute-cheveux/alimentation-chute-de-cheveux/). Il peut aussi être renforcé de temps en temps par une cure de probiotiques. Ceux-ci sont en effet connus pour renforcer et rééquilibrer le microbiote.
Quelles différences entre « probiotiques » et « prébiotiques » ?
Probiotiques et prébiotiques désignent collectivement ce qu’on appelle la flore intestinale. Les deux termes sont parfois utilisés indifféremment or ils remplissent deux fonctions totalement différentes quoique complémentaires.
Les probiotiques sont des bactéries vivantes présentes dans certains aliments fermentés sont riches en probiotiques (comme la choucroute ou le yaourt par exemple), ou encore dans des suppléments alimentaires qui peuvent eux aussi apporter de nombreux bienfaits à l’intestin lorsqu’ils sont consommés.
De leur côté, les prébiotiques ne désignent pas des organismes « vivants » comme les probiotiques mais des aliments riches en fibres qui permettent aux probiotiques de se nourrir et donc de fonctionner efficacement. Les fruits, les légumes et les céréales complètes sont des exemples d’aliments riches en prébiotiques.
Yaourt + fruits + céréales complètes : une association gagnante !
Le pain au levain, riche en pré-biotiques
Il est assez intéressant de mentionner que depuis 2017, les prébiotiques sont définis comme “un substrat utilisé de manière sélective par les micro-organismes de l’hôte et conférant un avantage pour la santé ». En d’autres termes, les prébiotiques constituent un véritable « garde-manger » dans lequel les probiotiques piochent en fonction de leurs besoins.
Les deux ensemble nous protègent des bactéries et champignons nocifs et contribuent de manière très significative au bon fonctionnement du système immunitaire notamment par leur effet anti inflammatoire. D’où leur possible lien avec la chute de cheveux.
Quelles différences entre le « microbiome » et le « microbiote » ?
Là aussi, force est de constater que ces deux mots sont eux aussi souvent utilisés de façon indifférenciée, l’un à la place de l’autre.
Pour exprimer les choses simplement, le microbiome désigne une maison habitée par plusieurs micro-organismes comme des bactéries, des champignons ou encore le microbiote. Ainsi, le microbiome ne peut pas se résumer en le microbiote seul.
Le microbiote quant à lui est propre à chacun d’entre nous et résulte de l’association de différents micro-organismes qui existe dans des environnements différents (les intestins bien sûr en tout premier lieu). Sa composition dépend de notre patrimoine génétique (donc différente d’un individu à l’autre) mais aussi de facteurs environnementaux tels que le climat, la pollution ou encore le prise de certains médicaments comme les antibiotiques par exemple.
L’exploration du microbiote et du microbiome ouvrent à la science de possibles avancées à des fins thérapeutiques.
En effet, le génome humain est représenté dans un catalogue de génétique de 22 000 gènes différents. Rappelons que le CNRS définit le génome comme « l’ensemble de l’information génétique d’un organisme contenu dans chacune de ses cellules sous la forme de chromosomes. Le support matériel du génome est l’ADN, sauf chez certains virus où il s’agit d’ ARN».
Article en Français : http://www2.cnrs.fr/sites/communique/fichier/8_genome_humain.pdf
De son côté, le microbiome (dont le microbiote) intestinal compterait lui plus de 3 millions de gènes, soit près de 150 fois plus de gènes que ceux qui composent le génome humain !
Autre caractéristique passionnante : la diversité. Le génome de chacun d’entre nous (génome humain) est globalement identique à plus de 99% d’un individu à l’autre. De son côté, le microbiome intestinal (dont le microbiote intestinal) est différent à plus de 80%, voire 90% d’un individu à l’autre.
Publication scientifique (en anglais) : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3426293/#R15
Enfin, pour illustrer la complexité de l’exploration du microbiote humain (essentiellement localisé dans l’intestin), il faut savoir que celui-ci est composé chez chacun d’entre-nous de 10 à 100 milliards de cellules…
On l’aura compris, la science en est à ses débuts concernant l’exploration du microbiote, et tout en particulier celle du microbiote intestinal qui joue un rôle essentiel dans la prévention et la lutte contre les inflammations. Les inflammations jouant un rôle très important dans la perte de cheveux, (que cette chute de cheveux soit d’origine androgénétique ou encore les pelades), la meilleure connaissance du microbiote intestinal présente un réel intérêt pour mettre au point des traitements personnalisés, en particulier dans la lutte contre l’alopécie.
Des pistes prometteuses pour lutter contre la perte de cheveux
Vu la complexité du microbiote intestinal, il est cependant probable que la mise au point de ces traitements ciblés puisse prendre de nombreuses années.