Si l’on prend de plus en plus conscience de l’importance que revêt notre microbiote intestinal pour notre santé en général, on prête encore trop peu d’intérêt à notre microbiote capillaire. Et pourtant…
Clauderer fait le point sur le rôle que joue le microbiote sur la santé du cuir chevelu et, donc, sur celle des cheveux. En effet, on ne le dira jamais assez : pas de beaux cheveux sans un cuir chevelu sain, c’est la base.
D’abord, c’est quoi le microbiome du cuir chevelu ?
Difficile à se représenter peut-être mais notre cuir chevelu est un éco-système dynamique et autonome qui héberge une grande variété de micro-organismes qui, par leurs interactions, ont pour fonction de préserver la santé de leur « hôte » en contribuant à l’équilibre biologique de leur environnement. En d’autres termes, ces (bonnes) bactéries, virus, et autres levures (ou champignons) édifient une barrière protectrice contre les infections. Si ce rempart immunitaire est rompu, le déséquilibre entre les différents micro-organismes s’instaure — c’est ce que l’on appelle « la dysbiose »—alors inflammations et maladies du cuir chevelu surviennent et se propagent.
Microbiote intestinal, microbiote du cuir chevelu : différents mais complémentaires
On peut prendre l’image de la piscine biologique pour se représenter le microbiote : échanges vertueux entre les différents micro-organismes et leur milieu ambiant, circulation fluide de l’oxygène et des nutriments, terrain sain et fertile, plantes vigoureuses,… naturellement. Mais ce merveilleux équilibre exige soins et attention :-)
Chaque microbiote est différent : celui de la peau de notre corps n’est pas le même que celui de l’intestin, pas le même non plus que celui du cuir chevelu. En outre, la composition microbiologique de chaque microbiote dépend de nombreux facteurs internes et externes :
- pH, hydratation, oxygène, taux de sébum mais aussi genre, âge, régime alimentaire, origine ethnique, exposition à la pollution, aux rayons UV, etc,…
Chaque microbiome est unique
Finalement, chaque microbiote est unique, il est personnel : c’est votre carte d’identité biologique en quelque sorte.
Le cuir chevelu possède un microbiote (c’est-à-dire la diversité de l’ensemble des micro-organismes présents sur la surface cutanée) relativement limité par rapport aux autres microbiotes. Les variétés de levures, bactéries et autres sont peu nombreuses. En revanche, son terrain si spécifique le distingue des autres environnements. Plus précisément, la levure C. Malassezia par exemple représente 90 % de la colonie de levures qui résident sur le cuir chevelu. Cela se comprend aisément quand on sait que ce champignon microscopique se nourrit de lipides – autrement dit il adore le sébum. Malassezia se divise en 2 espèces : Malassezia restricta et Malassezia globosa, dont la quantité respective varie selon notre origine géographique. Quant aux bactéries, 3 « familles » sont principalement représentées : Staphylococcus capis, Staphylococcus epidermidis et Cutibacterieum acnes.
Cette composition particulière est due au pH spécifique du cuir chevelu, les recherches ayant démontré que le pH idéal est situé entre 5 à 6 pour assurer un niveau optimal de protection immunitaire du cuir chevelu.
Quand le microbiome du cuir chevelu se dérègle :
Dès les années 60, le lien entre la nécessité d’avoir un microbiome capillaire équilibré pour garantir la santé des follicules pileux a été établi en observant que chaque follicule pileux hébergeait un certain nombre de microbes.
Un signe de déséquilibre du microbiome du cuir chevelu qui ne trompe pas : un changement de l’état du cuir chevelu. Si vous constatez que votre cuir chevelu devient plus gras que d’habitude, ou plus sensible, que votre cuir chevelu vous démange, alors cela signifie probablement que votre microbiome capillaire est déséquilibré, il subit des attaques inflammatoires.
En effet, notre cuir chevelu constitue une surface cutanée plutôt limitée mais densément peuplée et chaque micro-organisme se livre une guerre sans merci pour survivre.
Non seulement un microbiome déséquilibré provoque des altérations du cuir chevelu (irritation, inflammation, pellicules et squames,…) mais encore plus grave, cela a aussi des conséquences néfastes sur une croissance saine des cheveux. Ainsi, on en vient à établir un lien entre déséquilibre du microbiome et certaines maladies du cuir chevelu, et même avec la chute excessive des cheveux, y compris la pelade ou l’alopécie.
Dermite séborrhéique, alopécie et pelade : et si le coupable était le microbiome du cuir chevelu ?
Des études approfondies ont démontré le rôle de chaque micro-organisme sur des maladies souvent présentes sur le cuir chevelu. Ainsi, de la dermite séborrhéique : un excès de la levure S. Malassezia sur le cuir chevelu est vraisemblablement la cause de la dermite séborrhéique. Autre exemple : un excès de la bactérie S. capes associé à une baisse de la bactérie C. acnes provoque des pellicules.
Certains de ces microbes sont localisés sur ou bien à proximité des follicules pileux. Leur qualité, leur présence ou leur absence peut donc significativement modifier la croissance du cheveu et contribuer à la miniaturisation du follicule pileux et donc à la calvitie. Dans le cas de l’alopécie androgénétique on remarque notamment une surinfection au niveau des follicules pileux provoquée par une surabondance des bactéries de type Cutibacterium.
Une autre étude démontre que la majorité des patients atteints de pelade présentent des caractéristiques communes au niveau de la composition de leur microbiome. Par opposition, les quantités et la répartition de bactéries et levures étaient totalement différentes sur des patients ne souffrant d’aucune dégradation capillaire.
L’équilibre entre les différentes espèces de micro-organismes est fragile mais absolument indispensable si l’on veut garder un cuir chevelu sain, donc des cheveux en pleine santé. Le moindre dysfonctionnement (résultat du déséquilibre du pH de la peau du crâne) et l’harmonie est rompue, conduisant à des inflammations et affections cutanées diverses. En réalité ce n’est pas tant le type de micro-organismes que la composition et les relations entre eux qui importe dans l’équilibre du microbiome. Pour rendre les choses encore plus subtiles (ou compliquées), les micro-organismes qui colonisent notre cuir chevelu ne se répartissent pas également sur la totalité du crâne. Certaines zones (le vertex, le front, les tempes) hébergent ainsi des proportions différentes de levures et bactéries. Cela pourrait expliquer pourquoi certaines infections sont très localisées.
Pas de beaux cheveux sans un cuir chevelu sain
Quelles solutions pour préserver le microbiome de son cuir chevelu ?
On l’aura compris, maintenir le microbiome du cuir chevelu à l’équilibre est la clé d’une chevelure saine et de cheveux qui poussent bien. Ce n’est pas forcément aussi simple qu’il y parait au vu de tous les facteurs internes et externes qui entrent en jeu, et qui font de chaque microbiome une signature biologique individuelle.
Si l’on remarque un changement (sensibilité, apparition de pellicules, poussée de dermite ou chute anormale des cheveux), on peut alors raisonnablement se demander si ce n’est pas le microbiome du cuir chevelu qui s’est déréglé.
Des solutions qui respectent le pH du cuir chevelu existent pour maintenir ou restaurer l’équilibre délicat de la flore microbienne cutanée : l’application régulière d’une lotion purifiante riche en actifs anti-fongiques et assainissants (huile essentielle de sauge ou de romarin) est une solution efficace et naturelle dès l’apparition des premiers symptômes. Surtout, de la douceur et des produits adaptés.
C’est dans la nature que l’on peut trouver les ressources indispensables à l’équilibre de notre microbiome pour garder des cheveux pleins de vie
Notre corps est « un tout », chaque microbiote communique avec les autres microbiotes dans un exercice d’équilibriste réglé au millimètre près. Microbiote intestinal déréglé ? Il y a de fortes chances pour que vos cheveux ne soient pas au mieux de leur forme non plus, étant donné la forte corrélation existant entre ces 2 milieux. Raison de plus pour prendre soin de soi dans une démarche de bien-être global.
De beaux cheveux : et si c’était une question d’équilibre ?