La péri-ménopause et la ménopause sont des étapes inéluctables dans la vie d’une femme. Cette période de bouleversement hormonal va durer plusieurs années et affecter notre vie quotidienne à plus d’un titre. Médicalement, on estime que la ménopause est définitive lorsque les cycles menstruels n’ont pas eu lieu durant 12 mois consécutifs. La période de péri ou pré-ménopause débute généralement vers 40-45 ans et dure de 2 à 5 ans. La ménopause proprement dite intervient entre 45 et 55 ans en moyenne.
Pendant cette période, l’activité des hormones sexuelles est perturbée, le taux des hormones féminines (les oestrogènes) diminuant progressivement. Simultanément, les hormones mâles (les androgènes) prennent le relais.
Le rôle des hormones sur les cheveux
Pour simplifier, une hormone est une molécule messagère, c’est-à-dire que cette substance naturellement produite par l’organisme (biochimique) va transmettre un message à d’autres parties du corps pour déclencher une action spécifique : activité sexuelle, faim/satiété, stress, régulation de la température corporelle, croissance et renouvellement cellulaires (des os, de la peau et des cheveux). Pour le cheveu, les principaux organes impliqués dans la production des hormones sont : les glandes surrénales, les ovaires, les testicules, la thyroïde.
Dans la phase de péri-ménopause (période de transition), les fluctuations hormonales sont notoirement élevées : cycles menstruels déréglés, fatigue, sueurs nocturnes, sautes d’humeurs, sont des symptômes de péri-ménopause qui s’accompagnent souvent de problèmes de cheveux. On a découvert que l’estradiol, l’une des hormones féminines qui contribue à stimuler le métabolisme du follicule pileux, fait partie des hormones particulièrement affectées par ces premiers changements. On comprend alors les répercussions possibles au niveau de la pousse des cheveux dès la pré-ménopause.
Les hormones coordonnent le bon fonctionnement de notre organisme. C’est particulièrement vrai pour le corps des femmes, soumis à toutes sortes de bouleversements biologiques au long de la vie : cycles menstruels, grossesse, péri-ménopause et ménopause. A chacune de ces périodes-clés, les cheveux d’une femme peuvent être soumis à rude épreuve : on pense notamment à la chute de cheveux post-partum et à la chute de cheveux à partir de la cinquantaine. Si l’on retrouve généralement sa masse capillaire initiale quelques semaines après avoir accouché, il est plus difficile de stopper la perte de densité capillaire lorsque l’on est une femme à l’approche de la ménopause. Pourquoi ?
Les hormones à chaque étape de la vie d’une femme
Déjà, une bonne nouvelle. La ménopause n’entraine pas systématiquement une perte de cheveux ou un affinement de la chevelure. L’alopécie ne va toucher que 50 % des femmes environ à cet âge charnière. Autre bonne nouvelle, la calvitie féminine n’existe pas sauf très rares exceptions. En fait, une femme ne devient jamais totalement chauve, quel que soit son âge.
Pourquoi les cheveux changent à la ménopause
On peut avancer plusieurs explications aux changements que subit la chevelure au moment de la ménopause.
- Perte de densité capillaire et baisse de l’activité hormonale : cheveux qui s’affinent, chute de cheveux accrue, changement de texture sont tous liés à la baisse d’activité des oestrogènes dès le début de la pré-ménopause. Le rythme du renouvellement capillaire s’accélère, on assiste à une miniaturisation progressive des follicules pileux – c’est le même processus que l’alopécie androgénétique.
- Ce vieillissement s’accompagne d’un ralentissement cellulaire qui affecte l’ensemble des fonctions physiologiques, y compris la capacité des cellules à transporter le flux sanguin porteur des nutriments essentiels à la vitalité du follicule pileux : métabolisme ralenti = follicule pileux affaibli = cheveu affiné et fragile.
- Apparition de zones clairsemées sur le crâne, conséquence d’une alopécie androgénétique féminine qui peut avoir démarré plusieurs années auparavant et s’en trouve accentuée avec la diminution du taux d’ oestrogènes.
- Vieillissement cellulaire général qui entraîne une diminution de l’activité des glandes sébacées au niveau du cuir chevelu : moins protégés (ils n’ont plus de lubrifiant), les cheveux deviennent plus secs, plus cassants. En + : disparition des mélanocytes liées au vieillissement de l’organisme indépendamment de l’âge de la ménopause : apparition des cheveux blancs, dont la texture diffère de celle des cheveux avec pigments.
- Ménopause du follicule pileux : une étude récente (2023) a mis en lumière plusieurs particularités du follicule pileux. Si le cheveu est déjà une source d’émerveillement (c’est un organe à part entière qui a la rare capacité de se régénérer en toute autonomie), il n’a pas fini de livrer tous ses secrets. On a ainsi découvert que le follicule pileux – qui produit le cheveu – fonctionne indépendamment du reste de l’organisme. Une mécanique complexe qui obéit à ses propres règles et qui a son propre agenda en quelque sorte. En outre, chaque follicule pileux fonctionne de manière autonome et produit un cheveu à une cadence qui lui est propre. Autrement dit, tous les cheveux ne poussent pas – et ne tombent pas – tous en même temps, ce qui est plutôt rassurant ! Cela veut aussi dire que chaque cheveu aura son propre rythme de croissance, de latence, et de chute. Imaginez 100 000 à 150 000 circuits vivants et autonomes !
- Microbiote et chute de cheveux : et comme si cela ne suffisait pas, les recherches démontrent un lien indiscutable entre croissance du cheveu et santé du microbiote qui est lui-aussi distinct du microbiote de la peau. Encore un univers à explorer et qui pourrait permettre de mieux comprendre certaines maladies du cuir chevelu comme la pelade ou le lichen plan. Quand on connait l’importance du microbiote sur notre organisme, cela incite à en prendre le plus grand soin.
- En parallèle à ces changements physiologiques progressifs, les facteurs aggravants qui peuvent affecter la chevelure à un moment donné peuvent aussi intervenir et contribuer à appauvrir encore plus la chevelure en phase de ménopause : le stress bien sûr mais aussi une alimentation pas toujours équilibrée, des routines capillaires mal adaptées (trop de couleurs chimiques, sèche-cheveux surpuissant), des manipulations cosmétiques à répétition (lissage, défrisages, brushings, démêlage brutal), bref tous ces gestes qui vont agresser le cheveu et le cuir chevelu, entrainant casse, traction, cuir chevelu sensible.
Ménopause : bien dans sa tête, bien dans son corps
Comment lutter contre la chute de cheveux à la ménopause
Si vous remarquez des zones qui s’affinent sur le cuir chevelu, une perte de volume, une chute de cheveux plus importante que d’habitude, ne négligez pas ces symptômes et agissez.
D’abord, avec des mesures préventives : cure de vitamines, retrouver une hygiène de vie plus rigoureuse pour éviter prise de poids et carences éventuelles, un peu d’activité physique qui aidera à limiter le stress.
Evidemment, on prête une attention particulière à ses cheveux (et son cuir chevelu) avec des soins capillaires doux et adaptés à sa nature de cheveux. Devenu plus sec avec le ralentissement des glandes sébacées, le cheveu a besoin de nouveaux soins, plus riches. On mise alors sur des soins réparateurs qui n’alourdissent pas la fibre capillaire, des masques hydratants, on évite les brushings agressifs qui brûlent la kératine, on procède à un brossage doux avec de bons outils.
Pour stimuler la vigueur de nos follicules pileux défaillants, on démarre sans attendre un programme anti-chute de cheveux revigorant : lait purifiant, sérums gorgés d’actifs pour doper la repousse des cheveux, crèmes et baumes capillaires vitaminés pour tonifier la chevelure. On peut effectuer un massage du crâne pour favoriser la micro-circulation sanguine et fortifier les racines.
En fait, le follicule pileux est comme une petite usine qui doit mobiliser de nombreuses ressources pour produire un cheveu en pleine forme. Or, la ménopause a pour conséquences une baisse d’énergie et une moins bonne distribution des ressources. Nous faisons ce qu’il faut pour protéger la peau de notre visage des assauts du temps, pourquoi ne pas en faire autant pour préserver nos cheveux ?
Prendre soin de ses cheveux comme on prend soin de sa peau
Alors, inévitable la perte de vitalité des cheveux avec la ménopauses ? Eh bien non, inutile de se décourager, ou pire, de stresser en voyant que l’on perd trop ses cheveux à l’approche de la cinquantaine. Vieillir apporte aussi son lot de belles et bonnes choses : une meilleure acceptation de soi, de son corps et de son image entre autres.
Des solutions existent pour prendre soin de ses cheveux et garder une belle chevelure tonique et volumineuse malgré le temps qui passe : pourquoi attendre ?