Hypertension et chute de cheveux

“Bad head, bad heart“, Mauvais cheveux, mauvais cœur. Comme pour le cholestérol, il existerait un lien entre l’alopécie androgénétique et l’hypertension artérielle. Hormis l’observation clinique, les chercheurs n’ont pas encore réussi à expliquer la corrélation entre les deux. Par ailleurs, certains médicaments contre l’hypertension peuvent provoquer une chute des cheveux.

OBSERVATION CLINIQUE

“Bad head, bad heart“, “Mauvais cheveux, mauvais cœur“, ce dicton américain n’est pas nouveau. Depuis longtemps, les dermatologues, comme les cardiologues, l’ont constaté : les hommes et les femmes qui ont tendance à perdre leurs cheveux sont plus sujets que d’autres aux problèmes cardio-vasculaires. Réciproquement, ceux ou celles qui souffrent d’hypertension présentent souvent les symptômes cliniques d’une alopécie androgénétique.

ÉTUDE FRANÇAISE (2007)

CONTEXTE

L’hypertension essentielle (sans cause médicale spécifique) représente plus de 90% des cas de la maladie. Elle est liée, le plus souvent, à un excès d’aldostérone, hormone sécrétée par les glandes surrénales. D’autre part, depuis longtemps aux États-Unis, le spironolactone, anti-hypertenseur diurétique contre l’hyperaldostéronisme, est également utilisé comme anti-androgène dans le traitement des alopécies androgénétiques. Mais, à ce jour, aucune étude satisfaisante n’existe sur le sujet. En 2007, c’est autour de ces données qu’une équipe de chercheurs français* décide d’approfondir l’association entre l’alopécie androgénétique et l’excès d’aldostérone de l’hypertension essentielle.

ÉTUDE SUR 250 PATIENTS

Les chercheurs soumettent d’abord des souris transgéniques à une overdose d’aldostérone. Les souris développent une alopécie et perdent une partie de leur pelage. La recherche porte ensuite sur un échantillon de 250 hommes, recrutés par 5 médecins généralistes différents. Les critères de choix sont les suivants : âge de 35 à 65 ans, type occidental, stade de l’alopécie entre 0 et 4 sur l’échelle Hamilton (voir ci-contre). L’étude consiste à croiser de nombreux critères concernant les antécédents familiaux et médicaux des 250 patients. Elle va aboutir à plusieurs conclusions.

CONCLUSIONS

1° Les chutes de cheveux androgénétiques sont fortement liées à l’hérédité ce que l’on savait depuis longtemps. Ces chutes (indépendamment de l’âge) sont également largement associées à l’hypertension artérielle, ce qui n’avait encore jamais été mis en lumière aussi nettement.

2° Le rapport entre perte de cheveux androgénétique et excès d’aldostérone requiert des recherches complémentaires. Si cette association était scientifiquement vérifiée, l’utilisation de molécules antagonistes de l’aldostérone pourrait présenter un intérêt pour traiter une chute des cheveux héréditaire.

*S. Ahouansou, P. Le Toumelin, B. Crickx, V. Descamps – AP HP – Hôpital de Bobigny

Lire également une étude parue en 2013
Calvitie et maladies coronariennes

ET LES FEMMES ?

CONTEXTE

En 2005, une recherche conduite par une équipe de quatre médecins iraniens* avait déjà cherché à établir une relation entre l’alopécie androgénétique et les problèmes cardiaques. Cette fois sur des femmes.

La recherche portait sur 106 patientes de moins de 55 ans. Toutes ces patientes avaient subi une angiographie (radiographie des vaisseaux sanguins), pour compléter le diagnostic d’un problème coronarien. Outre l’angiographie, l’étude comprenait pour chaque malade : une consultation par un dermatologue, un interrogatoire individuel, une analyse minutieuse de leur passé médical et de celui de leurs antécédents.

RÉSULTATS

L’angiographie indiquait que 51 de ces femmes souffraient d’une insuffisance coronarienne avérée. Sur ce nombre, pas moins de 29 % d’entre elles développaient également une alopécie androgénétique, diagnostiquée de façon formelle par les dermatologues qui les avaient examinées (entre le stade 1 et le stade 3, suivant les patientes).

CONCLUSION

Cette étude permettait de mettre en évidence l’existence d’une corrélation importante entre les problèmes cardio-vasculaires et les chutes de cheveux androgénétiques, chez la femme.

* Parvin Mansouri, Mohammadreza Mortazavi, Masood Eslami, Mona Mazinani – Hôpital Khomeini, Teheran.

REMARQUES COMPLÉMENTAIRES

Selon ces études, les hommes et les femmes qui souffrent d’une alopécie androgénétique pourraient faire partie d’une population à risque cardio-vasculaire. Ils devraient périodiquement contrôler leur pression artérielle afin de dépister le plus tôt possible un trouble éventuel. Inversement, ceux et celles qui ont un problème cardio-vasculaire auraient intérêt à surveiller que les fonctions vitales de leurs cheveux restent équilibrées, simplement en faisant un diagnostic approfondi des cheveux. Ceci, d’autant plus que certains traitements antihypertenseurs peuvent provoquer, en eux-mêmes, une chute de cheveux. Cette chute, dite médicamenteuse et “effluvium télogène”, est réversible, à l’arrêt ou au changement du traitement, au profit d’un traitement de même type mais ne présentant pas cet effet secondaire.

ANTIHYPERTENSEURS ET PERTE DE CHEVEUX

Liste des principaux traitements contre l’hypertension susceptibles de provoquer une perte de cheveux diffuse. À éviter, si possible, du strict point de vue des cheveux.

INHIBITEURS DE L’ENZYME DE CONVERSION (IEC)

CAPTEA®, captoril – CAPTORIL Gé – ECAZIDE®, captoril – ENALAPRIL Gé – LISINOPRIL Gé – LOPRIL®, captoril – PRINIVIL®, lisinopril – PRINZIDE®, lisinopril – RAMIPRIL Gé – RENITEC®, enalapril – TRIATEC®, ramipril – ZESTRIL®, lisinopril – ZOFENOPRIL®, zofenil.

BÊTA-BLOQUANTS

ATENOLOL Gé AVLOCARDYL® propranolol BETATOP®, atenolol BISOPROLOL Gé BLOCADREN®, timolol CORGARD®, nadolol DETENTIEL®, bisoprolol KERLONE ®, Bétaxocol LODOZ®, bisoprolol LOGROTON ®, metroprolol LOPRESSOR ®, metroprolol METROPROLOL Gé PROPRANOLOL Gé SELOKEN ®, metroprolol TENORMINE®, atenolol TENORETIC®, atenolol

INHIBITEURS CALCIQUES

AMLOR®, Amlodipine – AMLODIPINE Gé

Source : Vidal Expert 2015

Jean-François Cabos

Jean-François Cabos est le créateur d’une méthode unique de soin du cheveu élaborée à l’issue des recherches qu’il a coordonnées et qui ont donné lieu à la publication du livre Cheveux, Racines de Vie avec Hélène Clauderer aux éditions Robert Laffont (Collection “Réponses/ Santé”).

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