On distingue habituellement deux types d’alopécie de traction : l’une a pour origine un certain type de coiffures, l’autre est la conséquence de mauvaises habitudes (chez l’enfant) et/ou d’un trouble du comportement appelé trichotillomanie (du grec « cheveux » et « tirer »).
Comme son nom l’indique, ce type de chute de cheveux est dû à la »traction » exercée sur les racines par certains types de coiffures, à condition évidemment que le geste soit répété encore et encore au fil du temps.
Un exemple-type de l’alopécie de traction est celui de la danseuse qui va tirer systématiquement sur ses cheveux pour les coiffer en un chignon parfait et bien serré pendant de longues périodes, voire même des années.
Mais en réalité, l’alopécie dite de traction définit une perte de cheveux qui peut toucher les hommes comme les femmes, et ce quel que soit le type de cheveux, caucasien ou afro métissé.
Quel est le processus de l’alopécie de traction ?
En surface, la tension infligée en permanence aux cheveux détruit les chaînes de kératine et fragilise les tiges. Les cheveux se cassent à toutes les longueurs. Sous le cuir chevelu, les racines se désolidarisent de leurs follicules pileux. Les cheveux, insuffisamment irrigués par le sang, passent plus vite de la phase de croissance à la phase télogène (Cf. Cycle de vie d’un cheveu) et tombent. Trop souvent sollicités pour produire de nouveaux cheveux, les follicules se rétrécissent et fabriquent des repousses de plus en plus fines. Puis, quand le nombre de leurs cycles de renouvellement est épuisé, la production s’arrête.
Résultat : les cheveux arrivent en phase télogène de plus en plus tôt, le capital cheveux s’épuise prématurément et des zones clairsemées apparaissent. A terme, le risque est grand de se retrouver avec des zones très clairsemées, et même totalement glabres, sans beaucoup d’espoir de repousse.
A ce stade, une fois les pores refermés, aucun traitement ne pourra réactiver les follicules pileux. La perte de cheveux est définitive.
Ces zones clairsemées se situent à des endroits bien définis du crâne, bien souvent en fonction du type de coiffure.
Si, à certaines époques, les femmes qui se coiffaient traditionnellement en chignon (d’où le nom d’ »alopécie du chignon » que l’on trouve encore parfois) voyaient leur crâne se dégarnir plutôt sur le dessus, aujourd’hui, avec la diversité des coiffures : queue de cheval, bun, chignon mais aussi tresses et diverses coiffures afros, les zones clairsemées ont tendance à se diversifier, malheureusement. Mais le résultat est toujours le même : un cycle de vie du cheveu accéléré qui produit des cheveux de plus en plus fragiles et, au final, une absence totale ou quasi-totale de repousse.
Quelles sont les conséquences de l’alopécie de traction due aux coiffures ?
Deux conséquences principales :
- Affinement du cheveu : un cheveu affiné est un cheveu fragilisé, qui a tendance à casser fréquemment. La kératine est endommagée, le cheveu perd de son élasticité naturelle, il s’emmêle de plus en plus. Plus il s’affine, plus il chute prématurément car il se renouvelle trop rapidement.
- Absence localisée de repousses: conséquence directe d’un affinement progressif du cheveu. Un fois réduits à l’état de duvet, les cheveux ne sont plus en capacité de produire des cheveux solides, le capital (la réserve théorique) cheveux est lourdement entamé et il va devenir difficile de stimuler une repousse saine et durable.
Parallèlement, la traction exercée sur les racines peut provoquer de petites irritations et une inflammation insidieuse du cuir chevelu. Un traitement topique sera alors à préconiser pour apaiser le cuir chevelu.
Et si, en plus, le cuir chevelu est sensible à l’action néfaste des androgènes, c’est la « double peine » à court terme avec des follicule pileux fragilisés par les effets de l’alopécie androgénétique.
Comment reconnaître une chute de cheveux (ou alopécie de traction) liée à la coiffure ?
Les zones clairsemées du cuir chevelu correspondent aux endroits où l’on a tiré sur les cheveux pour leur donner la coiffure désirée. Ces zones seront différentes des zones « classiques » liées à l’alopécie androgénétique. On aura donc des zones clairsemées en bordure (zone frontale), au-dessus des oreilles et sur les tempes à force de tirer fortement sur les cheveux pour faire des chignons, des queues de cheval ou des catogans. Dans le cas des coiffures afros, cela dépend du type de coiffure ; attention aussi à l’emploi fréquent de tissages et d’extensions à répétition qui vont tirer sur les cheveux et produire le même effet que des coiffures sur cheveux naturels – ces manipulations, si elles sont mal réalisées, posées pendant de longues périodes sans faire respirer le cuir chevelu, vont avoir des effets délétères sur la bonne pousse du cheveu. Les zones fragilisées seront alors diffuses, sur l’ensemble du cuir chevelu. On peut aussi constater un recul net de l’implantation au niveau de la zone frontale, ce recul pouvant aller jusqu’à plusieurs centimètre sur le devant, donnant l’impression erronée que le « front grandit ».
Lorsque vous coiffez vos enfants, vous pouvez avoir envie de les voir « changer de tête » et de leur faire arborer des petites couettes ou des coiffures plus sophistiquées dans le cas des cheveux afros ou métissés. C’est très mignon mais… le risque existe de puiser bien trop tôt dans leur capital cheveux et de déclencher une accélération du renouvellement capillaire, avec, pour conséquence, des cheveux fragiles dès l’adolescence. Pour peu que ce type de coiffures se banalise (mode, expérimentations capillaires,…) et c’est une alopécie de traction déjà marquée qui se met en place avant d’avoir 20 ans.
Et la trichotillomanie ?
La trichotillomaniae est un trouble du comportement qui consiste en l’arrachage compulsif et régulier de ses cheveux (ou de tout autre poil : sourcils, cils,…). Chez l’enfant, la trichotillomanie correspond souvent à un simple tic, comme de sucer son pouce, ou de se ronger les ongles. C’est un geste souvent réalisé sans que l’enfant en ait pleinement conscience, qui lui procure une sensation d’apaisement.
L’enfant s’endort ou fait ses devoirs en tordant et en tirant sur ses cheveux. Seul un côté du cuir chevelu est en général touché : le côté le plus facile d’accès, suivant que le sujet est droitier ou gaucher. Dans des zones bien définies, les cheveux sont ainsi cassés, raccourcis, de différentes longueurs. A la longue, des plaques de chevelure atrophiée se forment. Pour un spécialiste, il est facile de ne pas confondre ces plaques avec celles de la pelade. Pouvant être l’expression d’un mal-être chez le tout-petit ou le jeune enfant, ce trouble du comportement n’est pas à prendre à la légère. Rassurez-vous cependant : c’est souvent une phase transitoire sans conséquences pour le développement de l’enfant ou pour la pousse de ses cheveux plus tard. Dans la grande majorité des cas en effet, le trouble disparait quand l’enfant grandit.
Des cas beaucoup plus graves, mais aussi beaucoup plus rares, se rencontrent chez des personnes adultes. Aucune étude à ce jour n’a réussi à identifier les causes fondamentales de ce comportement pathologique. On sait seulement que sur 10 personnes souffrant de ce trouble à l’âge adulte, 9 sont des femmes. Cet arrachage compulsif et obsessionnel n’a aucun but cosmétique ou esthétique mais il est fréquent et régulier au point d’entraîner un affaiblissement visible de la chevelure. Des plaques plus ou moins glabres et irrégulières se forment sur le cuir chevelu, impossibles à dissimuler sauf par des perruques ou autres compléments capillaires. Les cheveux forment de petites touffes duveteuses sur les zones les plus touchées.
La crise survient lorsque la personne est angoissée ou dépressive et l’arrachage des poils ou cheveux procure une sensation de soulagement. Parmi les symptômes de la trichotillomanie chez l’adulte, on peut citer la présence d’un certain nombre de rituels qui accompagnent le fait d’arracher le poil ou le cheveu. Incapables de contrôler leur pulsion, souvent honteux, les sujets atteints de cette pathologie vont chercher à cacher leurs symptômes et vont souvent faire de nombreuses tentatives pour mettre fin à leur pratique. C’est auprès d’un spécialiste qu’il trouveront la solution par le biais d’une thérapie comportementale et/ou d’un traitement médical (anti-dépresseurs).
Quelles solutions pour traiter la perte de cheveux en cas de trichotillomanie ?
Quand un adulte est atteint de trichotillomanie, l’une des difficultés consiste à prendre conscience de la maladie. Une fois ce cap franchi, le fait de démarrer un traitement pour stimuler la repousse des cheveux va inévitablement agir au niveau moral. En prenant soin de soi, en appliquant des produits efficaces et naturels selon un protocole qui remplacera les rituels d’arrachage, le sujet pourra reprendre confiance et espérer réparer les dégâts occasionnés. A noter tout de même : quand les follicules pileux sont inactifs depuis plus de 10, 12 mois, il n’est pas possible de les ressusciter. En revanche, on peut réactiver ceux qui sont en sommeil et faire en sorte qu’ils produisent à nouveau des repousses. Bien sûr, ce sera un processus de longue haleine. Cela ne remplacera pas une thérapie agissant sur les causes profondes de ce trouble.
Alopécie de traction due aux coiffures ou par arrachage :
des causes différentes mais des conséquences identiques
Trop tirer sur ses cheveux ou les arracher lors de crises d’angoisse produit le même effet : le cycle vital du cheveu est totalement perturbé et le follicule pileux est sur-sollicité, incapable de produire des cheveux en bonne santé. Résultat à plus ou moins brève échéance : les cheveux deviennent de plus en plus fins, fragiles et cassants. Ils ne se renouvellent plus selon un rythme de croissance normal, des zones clairsemées apparaissent sur le cuir chevelu, les cheveux ressemblent à un fin duvet, et, puis, finalement, les follicules pileux, épuisés, sont arrivés au bout de leur capacité de production (capital cheveux) : plus aucun cheveu ne repousse.
Que faire en cas d’alopécie de traction ? Quel est le traitement approprié en cas d’alopécie de traction ?
Il faut absolument agir avant qu’il ne soit trop tard. Dans un premier temps bien sûr, on libère ses cheveux et l’on arrête toute coiffure ou manipulation létale pour le cheveu. Chignon ou queue de cheval plus souple, tresses moins serrées, etc,..si l’on ne peut pas faire autrement. En cas de trichotillomanie, on se fait accompagner par un professionnel de santé qui saura identifier les symptômes de la maladie : il ne faut pas avoir honte de se faire aider.
Et puis, surtout, on met en oeuvre un protocole de soin adapté afin de stimuler la repousse de cheveux en meilleure santé. Lait capillaire pour détendre le cuir chevelu, sérums concentrés en actifs anti-chute pour nourrir le follicule pileux et favoriser la repousse de cheveux pleins de vitalité, sans oublier crèmes et baumes nourrissants pour réparer la kératine abimée.
Vos questions
C’est quoi l’alopécie de traction ?
l’alopécie de traction est la conséquence de mauvaises habitudes capillaires à répétition : chignons trop tirés, extensions trop lourdes et mal exécutées, tissages trop serrés, etc,… A force de tirer sur les cheveux, ceux-ci finissent par tomber prématurément, déréglant leur cycle de vie normal. Finalement les follicules pileux n’arrivent plus à produire de nouveaux cheveux en bonne santé, les zones de forte tension deviennent clairsemées (bordure, tempes) et il ne reste plus qu’un petit duvet. La trichotillomanie, c’est-à-dire l’arrachage compulsif et incontrôlé des cheveux ou autres poils produit les mêmes effets.
Comment on soigne l’alopécie de traction ?
La première chose à faire est de relâcher la pression à tous les sens du terme ! On laisse ses cheveux libres autant que possible, on évite les tresses trop serrées et toutes les coiffures ou manipulations qui tirent fortement et régulièrement sur le cheveu. Un soin nourrissant pour réparer la kératine fragilisée et un traitement spécial repousse est recommandé pour stimuler la croissance de nouveaux cheveux pleins de vitalité. Dans le cas d’un comportement pathologique, un accompagnement thérapeutique peut s’avérer utile.